La mort de la photo argentique

Publié le par Demichelis

Annoncée depuis longtemps, avec l'arrêt de Canon et Nikon, et depuis 2005 avec cette statistique: le nombre de fichiers numériques à développer est plus important que le nombre de films argentiques. Cette fois-ci une nouvelle affaire vient confirmer cette mort annoncée. Il s'agit d'une quarantaine de commerçants qui ont porté plainte contre Agfa pour escroquerie. Ils avaient acheté des mini laboratoires avec une assistance technique de ces engins 100 000 euros pièce au début des années 2000. Sauf que Agfa sentant le vent tourner vers le numérique, a décidé d'arrêter le soutien technique laissant les commerçants dans le dénument le plus complet puisque les réglages  chimiques pour faire développer des  photos couleurs sont très compliqués. Agfa a donc fermé cette branche qu'elle avait ouverte sans qu'il ne lui en coute un euro puisque  Agfa savait qu'il ne continurait pas son activité argentique et n'a donc pas assuré ce support technique indispensable pour faire tourner ces machines.
    Cette affaire montre que l'argentique meurt petit à petit, il devient de plus en plus difficile de trouver des labo photo, même sur le boulevard Beaumarchais, quartier historique de la photographie à Paris. Les pellicules proposées laisse un choix très limité, et  faire des agrandissements demande désormais beaucoup de patience. Enterrement-Annonciade.JPG
    On peut remarquer que plus la photo argentique disparaît, plus le milieu se professionalise, il  se spécialise de plus en plus. Les pellicules et les appareils ne coûtent pas forcément plus chers car il y a encore beaucoup de reflex en état de fonctionner sur le marché (ça ne va pas durer), mais les réparations sont de plus en plus onéreuses, la main d'oeuvre se faisant plus rare.
    Je ne cherche pas à creuser la tombe de la photo argentique -comme le titre ne l'indique pas- car il semblerait qu'elle va subsister, mais elle va devenir un produit de luxe. Faire de la photographie argentique aujourd'hui provient déjà d'une volonté personnelle, c'est presque un acte militant même s'il ne faut pas dénigrer la photographie numérique. Car au delà des considérations techniques entre le numérique et l'argentique, il semble il y avoir une division entre ces deux modes. Le numérique peut se retoucher plus facilement que l'argentique. Avec le numérique il faut travailler avec du virtuel, avec l'argentique il faut travailler avec la matière, et ça demande une sacré dose de patience, donc les personnes qui travaillaient par retouches utilisent maintenant le numérique, et les personnes qui travaillent avec le décor, la mise en scène, les effets de mises au points, etc. travaillent avec l'argentique manuel. L'argentique est aujourd'hui en fait arrivé à une certaine période de maturité, car ce type de photo ne cherche plus à aller vite pour être transmis à une rédaction ou à des amis, mais il y a au contraire de la patience désormais dans ce choix. Ainsi la photo argentique a quitté le domaine du média pour n'être plus que du domaine de l'art.
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